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Irma, ma prof d’espagnol, et moi abordons des sujets plus personnels dans nos conversations en espagnol. Elle aussi aimerait bien que je la ramène avec moi au Canada. La vie y semble beaucoup plus facile.

Ses deux fils ont terminé leurs études universitaires mais ne trouvent pas de travail. L’économie va mal, la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté, les dirigeants du pays sont corrompus, le chômage est endémique. Face à cela, le Canada fait miroiter une vie meilleure.

Sur les 120$US que je paie pour mes cours d’espagnol, mon prof en touche un peu moins de la moitié, soit l’équivalent de 3$CA de l’heure. C’est le double du salaire minimum au Guatemala et tous n’ont pas droit au salaire minimum quand ils peuvent trouver un emploi.

Je côtoie deux mondes: celui des locaux qui peinent à boucler leur budget et se remettent entre les mains de la providence pour demain et le monde des «routards», ces jeunes touristes sacs au dos qui cherchent les bonnes occasions pour pouvoir se permettre de voyager plus longtemps.

Ce matin j’ai rencontré une jeune touriste américaine pratiquement en état de panique. À Flores, elle s’est procuré un billet d’autobus pour aller à Tikal accompagnée d’un guide et a payé 150 Quetzals alors que dans notre hôtel, on annonce le même  forfait pour 120 Quetzals. Elle a l’impression d’avoir été extorquée. En plus elle ne comprend rien en espagnol.

C’est vrai que c’est moins cher à San Miguel qu’à Flores, mais 30 Quetzals n’est pas la fin du monde, environ 4$US. Les banques m’en extorquent davantage chaque fois que j’utilise le guichet automatique pour obtenir une avance de fonds.

La grosse nouvelle aujourd’hui au Guatemala, ce sont les milliers de Honduriens qui sont présentement au Guatemala, en route vers les États-Unis pour protester contre les gangs qui font régner la violence dans leur pays en proie au chaos.

Le Honduras est encore plus pauvre que le Guatemala. 68% des habitants y vivent sous le seuil de la pauvreté. Et la pauvreté extrême engendre beaucoup de maux. Le système économique mondial actuel qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres nous mène tout droit au désastre, mais ni moi ni mon prof d’espagnol n’avons de pouvoir pour changer les choses.

On dirait bien que le président d’un des pays les plus puissants au monde, Donald Trump, n’a pas de solution non plus, quand on voit sa réaction à la nouvelle que des milliers de Honduriens misérables se dirigeaient vers son pays. Il veut pénaliser les pays par lesquels les migrants honduriens vont passer s’ils ne mettent pas fin à cet exode. Pas certaine que ça va régler les problèmes.