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Juste avant d’arriver à la frontière entre le Salvador et le Honduras, un premier changeur m’offre la devise du Honduras, le Lempira. Il accepte tout: Dollar américain, Quetzal du Guatemala, Pesos du Mexique… Je n’ai pas eu le temps de vérifier quel est le taux de change, mais je m’informe combien il me donne pour un dollar américain: 22 Lempiras. Je refuse et il ne renchérit pas. Ça me donne une idée de combien je peux obtenir.

Un peu plus loin je suis abordée par un autre changeur et je lui fais savoir que je ne suis pas intéressée. Étant maintenant une habituée des frontières, je sais que des dizaines de changeurs m’attendent de chaque côté de la frontière et je préfère vérifier le taux de change sur internet avant de faire une transaction.

Le changeur insiste et je continue à lui dire « No gracias ». Il me suit en me disant que peut-être après avoir passé l’immigration, je voudrai avoir de l’argent du Honduras. J’ai beau lui répéter que non, il me suit dans la file d’attente de la douane.

La dame devant moi fait affaire avec un autre changeur et j’essaie d’observer le taux qu’elle obtient, mais c’est difficile à évaluer ne connaissant pas les nouvelles coupures.

Mon changeur est toujours à mes côtés. Je remarque que le gars derrière moi a un passeport français, alors j’engage la conversation en français en espérant que mon changeur va finir par lâcher prise.

Je fais la connaissance de deux jeunes français qui ont acheté un véhicule à Vancouver, ont visité l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale. Ils se rendent jusqu’à Panama city où ils espèrent revendre leur voiture avant de retourner en France.

Je leur demande s’ils connaissent le taux de change du Lempira, mais eux calculent en Euros. Alors je vais vérifier sur internet: 24,17 Lempiras pour 1$US. Habituellement je préfère me procurer la monnaie du pays au guichet automatique. Mais je ne serai au Honduras que quelques jours et je sais que ma banque me charge 4$ pour chaque retrait en devises étrangères, auxquels s’ajoute une somme équivalente pour la banque à laquelle appartient le guichet.

Je veux seulement un peu de monnaie locale pour pouvoir me procurer des fruits et des jus de fruits sur la route. Le changeur qui a fait affaire avec la femme devant moi vient m’offrir ses services. Je m’informe de combien il me donne: 23 Lempiras pour un dollar américain. Ça me convient et j’échange 20$.

Le changeur qui me talonne depuis 10 minutes n’est pas content et il le fait savoir en marmonnant. Je continue à l’ignorer. Ce n’est pas mon problème s’il n’a pas compris après que je lui ai dit plusieurs fois que je n’étais pas intéressée par ses services.

Les deux touristes français, qui ne sont pas au courant de la situation, font des blagues en disant que s’ils étaient des voleurs ou des membres de gangs, ce ne sont pas les touristes qu’ils attaqueraient, mais ces changeurs qui se promènent avec de grosses liasses de billets bien en vue. La vie suit son cours normal, même si le changeur n’est pas content.

Une des choses les plus difficiles que j’essaie d’acquérir dans la vie, c’est d’être capable d’agir selon mes propres critères. Je suis portée à essayer de faire plaisir à tout le monde dans la mesure du possible, mais ça m’a souvent nui. Ce sont mes vacances, c’est mon argent, c’est ma vie et je suis libre d’en faire ce que je veux. Je suis contente de la façon dont j’ai géré la situation aujourd’hui.