C’est difficile de quitter mon petit nid douillet ce matin. Je me sentais bien et en sécurité, avec de bons petits déjeuners servis avec chaleur. Aminta est rassurante et m’a amenée à essayer de nouvelles choses, comme prendre l’autobus par moi-même. Je commençais à me lier d’amitié avec un jeune couple d’allemands qui sont aussi hébergés ici.
Tout quitter et repartir encore une fois vers l’inconnu. Où dormirai-je ce soir? Qui rencontrerai-je sur ma route? J’ai tellement vu de belles choses depuis le début de mon voyage. Pourrai-je en voir encore d’aussi belles?
La route est belle et possède un large accotement, mais des vendeurs installent leur marchandise sur le bord de la route et il y a souvent des camions stationnés sur l’accotement. Quand je dois les contourner, les autres conducteurs restent dans leur voie, même quand il y a de la place dans la voie de gauche. Aucune notion de laisser de l’espace aux vélos ici au Salvador. Lorsqu’un camion me dépasse à 90 km/heure à moins de 50 cm, je ressens le vent alors que je suis en sandwich entre un camion stationné et celui qui me dépasse. Il faut avoir les nerfs solides pour pédaler dans ces conditions.
Je décide de m’arrêter et de prendre une pause en buvant un jus. Un papa, avec sa fillette d’environ 6 ans, installe son kiosque pour la journée. Voyant mon vélo, il s’informe de mon voyage et s’intéresse au nombre de vitesses sur mon pignon. Lorsque je viens pour payer mon breuvage, il refuse en disant que Dieu le lui rendra. Sa gentillesse me va droit au cœur.
J’ai remarqué que les gens sont très croyants et affichent leur foi. Sur les autos, les camions, les bus, il y a des collants disant: Dieu est mon guide ou En Dieu je me confie. Ça me rappelle la foi de ma grand-mère. Plus les temps sont durs, plus les gens se raccrochent à l’espoir qu’un Dieu est là pour rétablir la justice.
D’une certaine façon, je partage sa foi. Je crois aussi que le bien qu’on fait n’est jamais perdu. ais le problème avec Dieu, c’est qu’il y a plusieurs Dieux et plein de gens qui essaient de nous imposer leur façon de voir leur Dieu.
C’est donc le cœur reconnaissant que je reprends la route. Je décide de contourner San Salvador, la capitale de 1 750 000 personnes, par le nord. En m’éloignant du centre-ville, il y a un peu moins de circulation. Je m’arrête à Quezaltepeque pour la nuit avec 50 kilomètres au compteur.
Quel beau récit. Mais j’avoue qu’un camion qui passe à 90 km/heure à moins de 50 centimètres de toi…ouf!