Cette nuit nous avons dormi le visage vis-à-vis des pieds de l’autre, et ça nous a laissé plus d’espace pour bouger et se retourner. Un petit problème de réglé.

Au réveil, pour la première fois, j’entends le son du vent. Le vent! Un élément important à considérer quand on roule sur le bord de la mer. Nous sera-t-il favorable ou contraire? En reprenant la route, nous constatons que nous l’avons dans le dos. YOUHOU! Et le soleil est resté caché derrière les nuages. Des conditions parfaites pour rouler. Merci la vie d’être si bonne avec nous!

Nicole est heureuse de voir les kilomètres défiler et d’avoir une moyenne de 24 km/heure. Nous nous arrêtons au premier camping (45 km) pour dîner. Après une powernap sur le bord de la table, nous repartons vers le 2e camping (65 km).

Fatiguées mais satisfaites, nous montons vite la tente sur un beau terrain gazonné. C’est ensuite le temps d’une bonne douche pour nous sentir enfin propres.

Réflexions : Avec mon surplus de poids (120 lbs de réserve de gras que je dois traîner constamment), les montées exigent beaucoup d’efforts. Quand c’est plus difficile, je me rappelle que j’ai choisi d’être ici et maintenant, sur cette route, en train de pédaler. C’est ce qu’il y a de mieux pour moi, présentement, pour être plus en forme, plus vivante. Je m’accepte comme je suis, avec mes forces et mes limites; j’avance à mon rythme. Je suis qui je suis, ici et maintenant.

Je ne peux pas me déplacer aussi facilement que les VRs qui nous dépassent sur la route. Mais je vis des aventures que beaucoup de ces touristes ne peuvent pas expérimenter : le dépassement physique de soi.

Le cyclotourisme me ramène à l’essentiel dans le moment présent. Plus jeune, j’ai souffert de maniaco-dépression, de bipolarité, alors que je vivais dans une autre réalité, avec des attentes irréalistes. En vélo-camping, je reviens au concret, un jour à la fois : où dormir, où manger, où me rafraîchir. Demain sera un autre jour avec son propre objectif et ses défis.

Aujourd’hui, je suis vivante et heureuse!