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Pour la première fois, je pars ce matin sans savoir où je dormirai ce soir. Je n’ai rien trouvé entre Poptun et Rio Dulce sur Airbnb ou Booking.com ou WarmShowers. Et je ne veux pas me stresser en réservant quelque chose à Rio Dulce qui est à 100 km. Je sais que des côtes m’attendent et je veux respecter mon rythme. J’ai remarqué qu’il y a de petits hôtels dans les petites villes que je croise qui n’apparaissent pas sur les sites internets. Alors à la grâce de Dieu.

La grosse côte épouvantable dont m’avait parlé Lesli ne se trouvait pas avant Poptun, mais après. En sortant de la ville, ça descend pendant 6,5 km et ça monte ensuite pendant 2,5 km. J’ai montée à pied et j’ai pu jouir du paysage.

Après 35 kilomètres, je croise une petite ville et je cherche un endroit pour déjeuner. Je repère un toit où des gens sont à table et j’y entre. Sans le réaliser, je m’invite dans la cuisine d’une famille guatémaltèque en train de déjeuner. Spontanément ils me font une place et m’offrent de partager leur repas. On m’apporte des œufs et des frioles (beans), des tortillas, un café et même une brioche. La pluie se met à tomber, alors j’en profite pour rester un peu plus, observer l’endroit et faire plus ample connaissance.

Le papa a travaillé 8 ans à Atlanta aux USA à poser de l’asphalte sur les routes avant de revenir au Guatemala. Un ami de la famille vient se joindre à la conversation. On parle encore des Honduriens et on blague. S’ils réussissent à entrer aux USA, les guatémaltèques vont se joindre à eux. Le visiteur est venu à vélo et il aimerait bien échanger son vélo contre le mien.

Finalement je passe du bon temps chez cette famille sympathique. On m’explique que la cuisine a déjà été un restaurant, alors ma méprise est compréhensible. Je reprends la route à regret.

Une vingtaine de kilomètres plus loin, je m’arrête à nouveau car le soleil tape et j’apprécierais bien un bon jus de fruit à l’ombre. Une jeune fille vient s’asseoir timidement à ma table alors j’engage la conversation. Bientôt la maman vient allaiter sa plus jeune près de nous, puis le papa s’approche et plus tard un ami de la famille vient se joindre à nous.

Cet homme d’une cinquantaine d’années me demande d’où je viens, si le Guatemala me plaît, si je suis célibataire. Comme il est célibataire lui aussi et qu’il aimerait bien aller au Canada, il me propose de l’emmener au Canada, tout simplement. La jeune fille et le papa me font des petits sourires en coin, se demandant comment je réagirai.

Je m’arrête finalement à un hôtel après 62 km à Modesto Mendez, tout près de la frontière sud-ouest du Belize.