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En partant ce matin, ça descend. D’abord les 3 kilomètres que j’ai montés en bus hier. Et ça continue de descendre et de descendre. Les 30 premiers kilomètres se font facilement.

Inévitablement une montée suit. Inévitablement je finis par marcher à côté de mon vélo. Une camionnette s’arrête et le conducteur insiste pour me donner un lift. Je refuse en me disant que d’ici un kilomètre ou deux, ça va redescendre.

En réalité, je crois que j’ai monté pendant les 20 kilomètres suivants. Lorsque je m’arrête pour prendre un jus à l’ombre, le fils de la propriétaire vient me faire un brin de jasette. Ce jeune adulte, parlant très bien anglais, ne comprend pas pourquoi j’ai choisi de voyager à vélo.

Me voyant en sueur, fatiguée, assoiffée, il se demande pourquoi je ne choisis pas un moyen de transport plus confortable. Il ne comprend pas non plus pourquoi je veux me rendre à Panama city. Qu’y a-t-il de si important là-bas pour que je me tape 3 000 kilomètres de vélo pour m’y rendre?

Effectivement j’aurais très bien pu faire ce voyage sur une petite moto et m’éviter bien des difficultés. Comment expliquer que les difficultés surmontées me font davantage apprécier la vie?

Les meilleurs fruits et les jus de fruits les plus délicieux, c’est pendant mes voyages à vélo que je les ai consommés. Quand ton corps a besoin de liquide et d’énergie, c’est tellement bon un fruit ou un jus de fruit.

Seulement trouver un peu d’ombre pour te protéger du soleil qui tape, ça apporte une grande satisfaction. Aujourd’hui je me suis arrêtée à un kiosque où il n’y avait personne, pour profiter d’un banc à l’ombre. Puis j’ai remarqué qu’il y avait un hamac. Je m’y suis installée confortablement et j’ai dormi pendant une quinzaine de minutes, malgré la circulation tout près. Ça fait du bien de recharger les batteries.

Même prendre une douche devient quelque chose qui fait le plus grand bien, quand tu as sué toute la journée. Et ce que je préfère encore plus, c’est me rafraîchir dans une piscine et y faire des étirements pour détendre les muscles fatigués, comme j’ai pu le faire ce soir en arrivant.

Comment expliquer aussi la fierté qu’on ressent quand on accomplit quelque chose hors du commun ? Hier Félix me disait que c’était la première fois qu’il rencontrait quelqu’un qui voyageait à vélo. Il avait seulement vu des reportages à la télévision. Ce soir une dame au restaurant me disait que c’est incroyable ce que je fais, visiter le monde à vélo, toute seule en plus. Je l’ai corrigée en lui rappelant que ce n’est qu’une petite partie du monde.

Comment expliquer que la facilité n’apporte pas de vraies satisfactions?  Que trop de confort ramollit? Qu’on a besoin de défis pour continuer à évoluer?

Je demeure convaincue que j’ai choisi le meilleur moyen de transport, économique et écologique.