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Ce matin, nous passons un bon moment, le motocycliste australien et moi, à nous moquer de la façon de conduire des Salvadoriens. Il dit que lorsque les conducteurs du Salvador sont au volant, ils se comportent comme s’ils avaient 18 ans. Et j’éprouvais la même impression qu’ils manient le volant comme des ados qui commencent à conduire.

Ça fait du bien d’échanger avec quelqu’un qui partagent mon point de vue. Je me demandais si je ne devenais pas paranoïaque. Et ça fait du bien d’en rire, ça enlève un peu de l’aspect dramatique de la situation.

Conduire sur le bord de routes passantes n’est jamais agréable pour un cycliste. Si en plus, les conducteurs te font sentir que tu y risques ta vie, ça devient difficile à supporter.

Au Mexique je n’ai eu aucun problème avec les autres usagers de la route. La route que j’ai empruntée avait un bon accotement carrossable et les conducteurs se montraient courtois avec les vélos. Je voyais aussi des panneaux sur le bord de la route qui rappelaient de laisser un mètre de distance avec les vélos.

Au Belize et au Guatemala, même si les conditions routières étaient plus difficiles, les conducteurs me laissaient de l’espace quand il y en avait et je les entendais ralentir lorsqu’ils approchaient.

Depuis Santa Ana au Salvador, les conducteurs ne ralentissent pas et plusieurs ne bougent pas de leur voie même si la voie de gauche est libre. Certains se rapprochent même de la droite pour me laisser très peu d’espace et me faire sentir que je n’ai pas ma place sur l’asphalte.

Les chiens non plus n’ont pas leur place sur l’asphalte des autoroutes du Salvador. Partout en Amérique centrale, les chiens se promènent librement le long des routes et les conducteurs ralentissent habituellement pour les éviter. Ici au Salvador j’ai aussi vu beaucoup de chiens le long des routes, mais ils étaient morts, happés par les véhicules. C’est pénible faire du vélo dans ces conditions.

Aujourd’hui le mercure atteint 35 degrés. Je crois que je m’adapte tranquillement à la chaleur. J’ai encore chaud, mais j’ai développé l’habitude de prendre des pauses à l’ombre et je sais maintenant que je peux survivre à la chaleur.

J’atteins Santa Rosa de Lima dans l’après-midi. Plus que 20 kilomètres avant la frontière hondurienne. Alors que je me dirige vers un hôtel que j’ai repéré sur Google Maps, un nouvel ami vient se présenter à moi. Il me dit qu’il a habité 2 ans à Montréal et qu’il peut m’aider si j’ai besoin de quoique ce soit. Il s’informe de l’hôtel où je me rends et comme c’est tout près et qu’il n’habite pas loin, il veut me montrer où c’est.

C’est lui qui frappe à la porte de l’hôtel et m’introduit à la propriétaire. Elle m’informe du coût des chambres et me propose de m’en faire visiter une. Mon nouvel ami veut prendre congé. Alors je le remercie en lui serrant la main. Je sais qu’un touriste normal donnerait un pourboire, mais je n’ai rien demandé et je n’avais pas besoin d’aide lorsqu’il m’a interpellée.

Je vais donc visiter la chambre et elle me convient. Je suis la propriétaire qui va chercher des draps propres et doit me remettre la clé. Mon ami est encore là et je vois la propriétaire lui donner 1$, sa commission pour lui avoir amené une cliente. Je n’en reviens pas, il vient de lui extorquer 1$ avec ma complicité, avant même que j’aie payé ma chambre.

1$ ce n’est pas grand-chose pour nous nord-américains, mais lorsque le coût de la chambre est de 8$ et que le salaire moyen par jour est de 6$, 1$ c’est une somme importante. Heureusement que j’ai eu le bon sens de ne pas lui laisser de pourboire en plus. Il faudra que j’apprenne à me débarrasser de ces parasites qui exploitent les personnes trop bonnes.

Pour soulager ma conscience, je donne 10$ au lieu des 8$ demandés à la propriétaire. C’est le plus bas prix que j’ai payé jusqu’à présent pour une chambre et j’ai tout ce qu’il me faut: un endroit où dormir en sécurité, où je peux entrer mon vélo, avec une toilette et une douche et un hamac en prime.