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Ce matin je fais meilleure connaissance avec mon hôte. Hier après-midi quand je suis arrivée, après une bonne douche, je me suis étendue sur mon lit pour relaxer quelques minutes. Je me suis endormie et ne me suis réveillée qu’à 22h30. Je devais avoir besoin de sommeil.

Alvaro, mon hôte, est un homme de 69 ans qui a vécu aux Etats-Unis pendant 39 ans. Ses quatre enfants y sont nés et y vivent encore. Maintenant retraité, il agrandit la maison qu’il possède depuis toujours au Nicaragua pour accueillir des touristes.

Les événements du printemps au Nicaragua l’ont beaucoup affecté lui aussi. Il a vu des gens mourir dans sa rue. Depuis, il a posé une grande barrière de métal devant sa maison pour pouvoir se barricader en cas de grabuge.

Il pense qu’un gouvernement qui se comporte en assassins ne doit pas rester au pouvoir et devrait démissionner. Mais les gens doivent garder le silence, car lorsqu’ils dénoncent le gouvernement actuel, ils se font arrêter, battre, emprisonner et même tuer.

Selon lui, seule une intervention extérieure peut aider son pays. Il se réjouit des sanctions annoncées aujourd’hui par Donald Trump contre Rosario Murillo qui est l’épouse du président du Nicaragua et aussi la vice-présidente du pays.

C’est un discours très semblable à celui que j’ai entendu à Leon: même révolte, même impuissance, même espoir que le gouvernement actuel démissionne et que de nouvelles élections puissent rétablir la démocratie, la justice et la prospérité au Nicaragua.

Aujourd’hui j’aimerais visiter le volcan de Masaya. L’Amérique centrale compte 24 volcans actifs, dont 7 au Nicaragua. Surnommé «la bouche de l’enfer», le volcan de Masaya offre un spectacle impressionnant à la tombée de la nuit avec sa lave en fusion incandescente au fond d’un gigantesque cratère.

Je repère deux agences touristiques dans le centre-ville et m’y rends dans l’espoir de réserver une visite guidée pour ce soir. Faute de touristes, ces agences ont fermé boutique. Je prends donc entente avec un chauffeur de taxi pour un départ à 17h.

Comme le coucher de soleil a lieu à 17h15, je peux admirer en me rendant au volcan le soleil qui semble se poser sur la montagne à travers les fumerolles. L’ascension du volcan se fait en auto, à l’heure où la chaleur du jour fait place à la fraîcheur de la nuit, ce qui me convient parfaitement.

Ce soir il y a seulement 5 taxis et 12 touristes au sommet du volcan, alors que certains soirs les véhicules devaient faire la file avant de pouvoir gravir le volcan. J’apprécie le calme de l’endroit. Plus la luminosité du jour s’estompe, plus les lumières des villes de Managua et de Masaya apparaissent à l’horizon.

Sur le chemin du retour, je suis songeuse. Comment peut-on vivre à côté de montagnes qui risquent de répandre les feux de l’enfer tout autour? J’imagine qu’on s’adapte à cette réalité. Comment peut-on vivre dans un pays où les fruits et légumes ne poussent que 3 mois par an et où la neige recouvre le sol plus de 5 mois par an, comme au Québec? L’être humain a une grande capacité d’adaptation.